Le 12ème Festival Terre & Lettres s’est achevé dimanche. Un week-end pendant lequel l’équipe de bénévoles s’est attachée à accueillir les intervenants et le public avec autant de chaleur que de générosité dans le magnifique site du Forum des Pertuis, face à la mer.
Une ambiance qui redonne foi en l’Humanité, alors même que l’on discute de sujets qui concernent son avenir. Parce que l’écologie, ce n’est pas uniquement prendre soin de la Terre mais évidemment de nous aussi, qui lui appartenons, plus qu’elle ne nous appartient.
Au gré des trois projections et des quatre conférences, on aura bien compris qu’il est plus que temps de changer de système.
Sortir du capitalisme néo-libéral, de la « mégamachine » (concept de Mumford), construction sociale qui fait de nous des rouages, nous donnant l’impression d’être impuissants, et justifie ainsi la violence, la domination, voire la prédation au service de l’accumulation du capital et du mythe de l’Occident (Fabian Scheidler, La fin de la mégamachine, Éditions du Seuil).
Déjouer les pièges du greenwashing sous les couches de peinture verte : « croissance verte », « finance verte », « entreprise à mission » sont des oxymores permettant au capitalisme de continuer d’avancer masqué (Julien Lefournier, L’illusion de la finance verte, Les Éditions de l’Atelier), rester attentif aux délires techniques et technologiques qui sont d’autres façons d’instrumentaliser la nature, l’atmosphère, l’espace (Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature, Éditions La Découverte).
Ne pas être trop naïf devant les bonnes intentions affichées, celles des partisans du bien-être animal devenus les porte-étendard de startups soutenues par des groupes financiers pour produire de la « clean meat » (Jocelyne Porcher, Cause animale, cause du capital, Le Bord de l’eau éditions), celles des ONG dépeuplant des pans d’Afrique pour y recréer, via des parcs nationaux, le mythe d’une Afrique vierge, verte et animale qui n’est qu’une imagerie découlant d’un colonialisme rance (Guillaume Blanc, L’invention du colonialisme vert, Flammarion).
Sortir des grandes villes, ces métropoles, mégalopoles, inventées pour regrouper la force de travail, qui nous coupent du vivant et donc de ce qui, en nous, est également vivant (Guillaume Faburel, Pour en finir avec les grandes villes, éditions Le Passager Clandestin).
Ne pas (se) désespérer pour autant, mais, pour (ré)agir à temps, refaire l’expérience du vivant, aller à la rencontre de la nature (qui n’existe pas, selon Philippe Descola, d’ailleurs), parfois à côté de nous, sans lui donner une valeur marchande (Jean-Pierre Rogel, La planète du héron bleu, Les Éditions La Presse).
Prendre conscience que l’on fait partie d’un tout, comme un peuple uni appartenant à la Terre Mère et qu’en soignant cette Terre, c’est de nous-même que nous prenons soin (Lorenza Garcia, Le chant qui guérit la terre, Camera Lucida productions).
Le film Autonomies de Nazzaréna Matera et Christophe-Emmanuel Del Debbio donne des pistes de réflexion sur des formes de désobéissance civile et différents aspects d’autonomie (le contraire d’autarcie !) en suivant les efforts de communautés fondées sur l’entraide, la solidarité, le don et l’indépendance énergétique, juridique…
Certes, il faut avoir envie d’aller jusque-là et les témoignages montrent avec honnêteté que ça n’est pas toujours évident de fonctionner en démocratie participative, de mettre la main à la terre.
Mais ce sont d’autres façon d’habiter la Terre, d’être peut-être plus « présent au monde et à autrui, en accord avec soi-même et en amitié avec le vivant », comme le dit Thierry Paquot, Demeure terrestre, Éditions Terre Urbaine ou comme l’illustre différemment Corinne Morel Darleux dans son beau roman Là où le feu et l’ours, Éditions Libertalia.
Autant de tentatives de sortir de l’individualisme et retrouver le sens d’un « destin collectif », peut-être la seule chose qui, de victoires en victoires (Damien Roudeau, L’eau vive, Futuropolis, Texaco, Éditions Les Arènes), nous sauvera ? Avant que l’on termine tous dans les cartes rouges du « jeu » de « La fresque du climat » proposée par les étudiants de l’association Uni’Vert LR.
Bref, un week-end dense en réflexions, échanges et débats, et une motivation renouvelée pour préparer la 13ème édition de Terre & Lettres en 2022.
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